Percements de murs

Initialement, dans ma ferme, les corps de bâtiments ne communiquaient pas entre eux. Il a donc fallu que je perce des portes. J'ai aussi percé des fenêtres, et ouvert un pignon pour y mettre une baie vitrée. Dans chacun des cas la technique fut différente.

Creuser par le dessus

Pour la baie vitrée (3,6 mètres de large dans un pignon en faisant 5 mètre au total), il était bien plus économique d'abattre tout jusqu'en bas, de coffrer un poutre en béton armé, puis de remonter les quelques mètres carrés de mur. En effet, la poutre doit entièrement porter sur toute la largeur des restes de murs, donc pas moyen de soutenir. J'ai fait faire le boulot de reconstruction par un pro, n'ayant pas envie de recevoir le pignon sur la gueule une belle nuit de tempête.

Pour la fenêtre, il s'agissait cette fois d'un oeil de boeuf, en limite supérieure de pignon. Donc là aussi, j'ai enlevé les pierres sur toute la hauteur, disposé deux disques de bois du diamètre de ma fenêtre, posé quelques planches dessus pour un coffrage rudimentaire, puis j'ai simplement maçonné. Il n'y a à peine que 50 cm de mur au dessus, et un toit n'appuie pas sur un pignon, mais sur les façades.

Percer

Bon, le vrai boulot, ce fut les portes. Là, y'a du poids aud'sus, c'est pas trop l'moment d'rigoler.
D'abord enlever les pierres pour obtenir deux  trous au dessus de la porte. Ces trous sont très long à effectuer, car on ose pas les faire trop large, et les pierres en quinconce se bloquent les unes les autres. De plus, dès la pierre de parement enlevée, il faut mettre la main dans le trou, et enlever les pierres internes en chanstiquant le tout, sans arrêter de prier pour ne pas y laisser sa main. Mettre un gros gant en cuir rassure un peu seulement. Mais mon expérience montre que, dans ces murs tenant simplement avec de la terre, la résistance est remarquable; Il suffit pour s'en convaincre de s'apercevoir que la maison a tenu debout pendant des siècles avec des fissures et des trous assez énormes, et cela même sans terre. Ainsi, lorsque j'ai enlevé la toiture (qui fuyait abondamment) avant de rehausser un de mes bâtiment, je me suis aperçu que toute la terre avait ruisselée.  J'ai recoulé 1 mètre cube de ciment sur le mur : il a totalement disparu, comme absorbé par une énorme éponge !
De plus, les pierres internes sont d'un calibre beaucoup plus petit que les pierres de parement. Donc on ne devrait pouvoir se prendre qu'une ou deux petites pierres sur la main, enfin, en théorie... En tout cas, je n'ai jamais fait ça seul sur le chantier...

Puis on passe des gros rails métalliques dans ces trous, que l'on vient soutenir par des étais. Pour tous ces éléments, je suis allé cherché cela chez un ferrailleur, cela coûte le prix du poids de métal...
Je ne suis pas architecte, mais mes observations lorsque je démontais le pignon de la baie vitrée m'ont appris que, lorsque l'on enlève des pierres sous d'autres, l'avalanche laissent naturellement au dessus d'elle une forme de voûte. J'en ai donc déduit que mon étayage devait être assez résistant pour soutenir les pierres qui sont à l'intérieur de la voûte virtuelle au-dessus, mais dans aucun cas le poids total du mur au dessus.

Puis on creuse entre les deux trous. Bon, on ne risque pas de faire encore écrouler tout le mur, puisque une pierre en tombant occupe 2 à 3 fois plus de volume que lorsqu'elle était à sa place, et que le trou ne fait pour l'instant que 20-30 cm de hauteur. Mais bon, cela fait toujours des frissons. Au fur et à mesure que j'avançais, je faisais glisser des planches supportées par les deux rails vers l'intérieur, et calais sommairement les pierres. Je dis sommairement, car en fait le but principal est d'éviter la terre de ruisseler, et de laisser alors libre la caillasse intérieure de dégringoler. Maintenant que j'y pense, il serait aussi une bonne solution de mouiller abondamment le mur un jour avant. La terre humide devrait alors mieux tenir.

Après, c'est un jeu d'enfant. On se met un joli casque de chantier sur la tête, et on enlève les pierres jusqu'en bas. Le meilleurs outils que j'ai trouvé pour ça sont : le pied de biche, et un marteau-piolet (je ne sais pas si c'est sa vraie dénomination, mais sa tête est très allongée: 30 cm).
Evidement, ce n'est pas si facile, puisque on sait pas comment traiter les pierres qui sont en limite de trou : faut-il enlever ? faut-il couper ?
Cela dépend de la finition intérieure.
Dans un cas, j'ai fait une espèce de coffrage décoratif (qui reste définitivement en place, voir plus loin la photo). Donc là on enlève en restant au plus près de la limite, sans hésiter à couper les pierres ( à la meuleuse 230 mm avec disque diamant).
Dans l'autre, j'ai voulu re-maçonner l'intérieur du trou. Il fallait donc disposer d'une certaine profondeur pour disposer les pierres. Je n'ai donc coupé que les très longues pierres qui dépasseraient dans le trou final. Je re-martelais ensuite la coupure trop nette afin de revenir plus naturel.

Finition

Pour le maçonnage de finition de l'intérieur du trou : ne pas imiter ma première naïveté de dire que, pour de telle petites retouche, faire son ciment dans une auge est suffisant. Vous aurez de toutes manières besoin de plusieurs centaines de litres de ciment, donc faites ça à la pelle ou à la bétonnière (voir plâtre et ciment)
Les conseils pour maçonner sont ici.

Mais j'ai trouvé aussi très esthétique de choisir d'habiller l'intérieur du trou par des poutres de pin. La solution à voûte présentée ici n'est valable que si il n'y a pas de porte. On remarquera que le bois est moins large que le mur, afin d'être plus léger visuellement, les deux structures étant reliées par un arrondi approximatif du plus bel effet. On remarquera aussi ici la finition du mur à la couche fine de plâtre, qui masque beaucoup de misères et facilite grandement les finitions.

 
 

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