Peinture


Peindre est un des gestes de bricolage les plus simple. Il y a pourtant plein de petits trucs que tout le monde ne sait pas !
 

Les types de peinture

Toutes les peintures et vernis sont réalisés avec quatre composants :
- Un pigment, qui donne la couleur,
- Un liant (résine), qui va durcir et fixer le pigment sur la surface peinte,
- Un diluant, qui donne à la peinture la consistance souhaitée lors de l'application.
- Des additifs pour modifier la texture (brillant ou mat), pour rajouter des propriétés insecticides, anti-mousse, anti-peau, anti-redéposition...

Les peintures sont principalement différentiées par le nom de la résine employée :
- Glycérophtalique : résine qui se durcie grâce à l'oxygène de l'air (on dit que l'air est le catalyseur). Diluée par du white-spirit.
- Acrylique et Vinylique : résines diluables par l'eau;
- Epoxy : Résine bi-composant, le catalyseur étant l’un des deux composant. Sur les pots, on vous indique toujours qu’il faut le diluant spécial de la marque (quasi introuvable). Après de multiples essais avec tout ce que j’avais dans l’atelier, j’ai découvert que l’alcool marchait très bien !
- Cellulosique : diluée par un "diluant cellulosique" très volatil, sèche et durcit très vite, et relativement toxique. Pour cela, il n'est pratiquement utilisé que par les industriels.
 

En fait, la famille des Acryliques a fait d'immenses progrès ces dernières années, avec des compositions de plus en plus élaborées, et elles peuvent maintenant remplacer les glycéros dans toutes les applications non-industrielles.

Ne pas confondre sécher et durcir

Si je vous ai donné la composition des peintures, c'est que cela a des incidences pratiques

- Sécher veut dire : perdre son diluant (soit par évaporation, soit par absorption par le support). Cela est une opération réversible: si on remet du diluant, la peinture devient plus liquide.
- Durcir veut dire qu'une opération chimique s'opère au sein de la résine (polymérisation), qui lie les molécules entre elles. C'est une opération irréversible, l'ajout de diluant ne casse pas la liaison. Seul un dissolvant peut le faire, mais la résine ne peut plus jamais durcir (là je ne suis pas sûr, mais presque, et c'est pas très grave dans notre cas, sauf qu'il faut a priori jamais utiliser de dissolvant (genre trichlo ou décapant) dans une peinture). On utilise des résines dont la polymérisation a besoin d'un catalyseur, afin de contrôler quand la peinture doit durcir. Dans le cas des résines Glycéro, Acrylique et vinylique, ce catalyseur est l'oxygène, qui est prélevé dans l'air ambiant.
 

Conséquences pratiques:

Séchage et durcissement simultanés:
- Une couche deux fois plus épaisse met environ 4 fois plus de temps à durcir: Il faut en effet que l'oxygène réussisse à pénétrer toute l'épaisseur pour durcir la base de la couche, et cette pénétration est d'autant plus lente que la couche est épaisse. Donc un objet sera plus vite disponible si on lui applique deux fines couches plutôt qu'une seule épaisse.
- Pour une même résine, les peintures mates durcissent plus vite que les brillantes: une couche lisse a moins de surface d'échange avec l'air qu'une couche irrégulière.
- Ne pas laisser la moindre fuite en rebouchant un pot, le problème n'étant pas d'empêcher le diluant de sortir, mais plutôt d'empêcher l'oxygène d'entrer. Renverser le pot quelques instants pour que la peinture colmate les trous. Certains rangent même leurs pots à l'envers.
- On peut éviter de nettoyer un pinceau ou un rouleau en l'enveloppant hermétiquement dans un sac plastique, ou mieux, dans du Cell-O-Frais (le plastique de cuisine qui permet de recouvrir un plat entamé): En empêchant l'oxygène d'entrer en contact avec la peinture, j'ai pu garder ainsi un rouleau une semaine (ce qui est bien pratique, puisque je déteste consommer des tonnes de white-spirit pour nettoyer ces putains de rouleaux).


Sec, mais pas dur:
- Ce n'est pas parce qu'une peinture est sèche au toucher que l'on peut remettre une couche. Un nouvel apport de diluant décolle la première couche, et on a un résultat minable. Il faut donc respecter le temps de durcissement marqué sur le pot. Cela est particulièrement vrai pour les peintures à l'eau appliquées sur support poreux (plâtre...). Cela sèche en quelques minutes, mais patience pour la deuxième couche !


Dur, mais pas sec:
- Ne pas essayer de re-diluer la peau d'un vieux pot de peinture: la peinture est dure mais non sèche, et on ne pourra jamais la diluer. Avant de comprendre mon erreur, j'ai même essayé de passer le pot au brasseur (hélice faite pour, au bout d'une perceuse): on diminue la taille des fragments de peau, mais le nombre augmente : le pot est à mettre à la poubelle (manque de pot)... Seule solution pour les vieux pots: leur faire la peau (peler le pot...).
- Ne pas laisser longtemps des pinceaux dans du diluant souillé; on se dit : tant qu'il y a du diluant, c'est bon, cela sèchera pas. Oui, mais non ! le problème c'est que l'oxygène pénètre dans le diluant (les poissons vivent bien grâce à l'oxygène qui se dissout naturellement dans l'eau), et fait durcir la résine. Résultat, on a un pot rempli de diluant, et, au fond, une espèce de gelée qui colle aux pinceaux.

Tout peindre !

Attention, il faut toujours appliquer la même finition (peinture, vernis, cire, placage...) sur les faces opposées d'une planche. Chaque finition modifie la surface du bois, et change l'hygrométrie et la tension. Donc si une face se dilate ou se tend différemment que sa face opposée, la planche se courbe en quelques semaines...
 

Les gestes anti-goutte :

Il arrive souvent que l'on ne peut pas vernir ou peindre une pièce entièrement en une seule fois. On est obligé de garder une face sèche pour poser la pièce ! Malheureusement, il arrive souvent qu'en peignant les faces adjacentes, des gouttes coulent sur la face qui devait rester vierge... Cela est dû au fait que le pinceau dépose du liquide en arrivant sur l'arête. Voici donc le geste qui sauve : il suffit que le pinceau n'arrive jamais sur l'arête de la pièce, par contre il peut très bien quitter la pièce selon un angle d'au moins 20° par rapport à l'arête. Le jour où j'ai trouvé ça, je me suis senti intelligent !

Il y a aussi les gouttes qui tombent directement du pinceau; Seule solution: tremper qu'une fraction des poils dans la peinture. Il faut donc un très gros pinceau si l'on veut pas passer son temps à reprendre de la peinture. Cela tombe bien, car il faut aussi un très gros pinceau pour laisser le moins de marques possible. Un pinceau devient trop gros que si son épaisseur (et non sa largeur)  est plus grande que la pièce à peindre.

 De toutes manières, on devrait toujours utiliser simultanément deux pinceaux de tailles différentes, et travailler en trois passes: le gros pinceau dépose la peinture sur la majorité de la surface, le petit pinceau étale la couche dans les détails (moulures, bords...), puis une dernière passe du gros pinceau lisse la pellicule de peinture (en fait deux passes croisées: en travers, puis dans le sens des fibres du bois). Le fait de croiser permet d'égaliser l'épaisseur de la couche. Il faut toujours finir dans le sens des fibres du bois car sinon on obtient un effet de damier très étrange... Et, dans les rares cas où  le sens des fibres ne se voit pas à travers la peinture, cela fait anti-naturel de voir un sens autre: on s'attend toujours à voir ce sens dans la plus grande longueur de la pièce... 

Qualités de peintures

On trouve de tout "au même prix" : du seau de 20 litres au flacon de 100 ml, cela peut coûter toujours 10€... Evidemment, le prix au litre n'est pas le même.
Ne pas hésiter à prendre une bonne qualité dès que la surface risque d'être souillée. Le gros problème des peintures 1er prix (vinyliques), c'est qu'elles sont poreuses, et qu'elles ne résistent pas au frottement: la crasse s'incruste, et si l'on frotte, c'est la peinture qui s'en va.
Il y a aussi le problème de la stabilité des pigments. Pour les couleurs très claires, cela se traduit surtout par un jaunissement. Cela n'est pas très grave pour moi, puisque je n'aime pas le blanc pur. Le principal inconvénient arrive si l'on doit faire des retouches quelques années plus tard, il est difficile de jaunir la peinture artificiellement... Par contre, ces peintures gardent un "léger" inconvénient: lorsqu'on se frotte dessus, les vêtements en ressortent un peu plus blanc...

Ceci dit, on n'est pas obligé de se ruiner: pour les murs en plâtre, on peut toujours faire une couche d'impression avec une peinture premier prix, et réserver la bonne peinture pour la deuxième couche (si on a trouvé la même couleur dans les deux qualités).

Attention : la peinture glycéro peut être appliquée sur de l'acrylique, mais l'inverse n'est pas vrai ! La peinture glycéro est grasse, et donc l'eau de l'acrylique a tendance à glisser dessus. On utilise cette propriété pour faire de fausses vieilles peintures, artificiellement craquelées. Néanmoins, il paraît qu'il existe maintenant des acryliques "mixtes" qui peuvent être étalées sur une ancienne couche de glycéro sans problème (et surtout sans odeurs).
 

Peindre une fenêtre

La fenêtre a ceci de particulier qu’elle comporte du verre. Beaucoup de gens utilisent du ruban de masquage afin de ne pas déborder sur le verre. Je l’ai fait jusqu’à que je me rende compte que c’était une hérésie :

a)     C’est assez difficile de poser le ruban juste bien droit et à la bonne distance

b)     Si ce n’est pas bien collé, la peinture passe en dessous

c)   Si c’est bien collé, alors c’est difficile de le décoller sans avoir des traces de colle (surtout si le soleil a donné dessus)

d)     En retirant le ruban, on doit déchirer la couche de peinture qui est venue sur le ruban ; Cela se fait toujours avec un léger effet de dentelle.

e)     J’ai découvert le grattoir à vitres (lame de cutter perpendiculaire à son manche)

Moralité : Vous peignez en débordant allégrement sur la vitre, attendez que la peinture soit durcie, et vous enlevez le surplus au grattoir, en décollant les copeaux avec une brosse. Cela va très vite, et a un avantage primordial : en laissant un mm de peinture sur la vitre, celle-ci fait joint et empêche l’eau de se glisser entre la vitre et le mastic.

Peindre une porte

Je parle ici d’une porte, mais cela vaut aussi pour toute surface moyenne à peindre (y compris les fenêtres).

Peindre d’abord les moulures à la brosse à rechampir (brosse ronde, les poils formant une pointe) ; C’est avec cette brosse que l’on va aussi déborder légèrement sur le verre du chapitre précédent.

Puis utiliser un petit rouleau à laquer (6cm de large environ). Cela dépose une fine couche régulière, qui laisse voir le relief des veines du bois.

Avec un pinceau, il est impossible de ne pas laisser de traces, et la couche est trop épaisse.

Lors de l’entretien des huisserie extérieures (tous les trois-quatre ans pour moi), avec ma technique fine, je n’ais pas besoin de décaper l’ancienne peinture avant. Attention : les peintures extérieures déteignent très vite ; C’est le seul endroit où j’utilise de la peinture de grande qualité (investissement retrouvé par le fait que j’espace les entretiens, sans décapage).

Vernir

Pour les vernis intérieurs qui ne sont pas sujets à projections, deux couches suffisent ; pour les vernis extérieurs (mobilier de jardin…), il faut 4 couches (la tradition maritime dit 7 couches!) sinon l’eau finit par s’infiltrer et déteindre le bois, puis écailler le vernis.

Attention pour les vernis teinté et les lasures : il ne faut aucune trace de colle sur le bois, sinon le produit n’est pas absorbé à ces endroits, ce qui laisse des traces claire très disgracieuses. J’ai un copain qui à cru bien faire en bouchant des trous de vis dans son parquet avec de la pâte à bois (qui contient de la colle) avant de vernir : il a dû tout re-poncer en profondeur, puis recommencer.

Pour mon garage tout en bardage, il a fallu passer une lasure. Ce produit très liquide est très chiant à appliquer au pinceau : ou ça goutte énormément, ou ça n’avance pas. J’ai donc rempli un petit pulvérisateur de jardin avec ma lasure, et je l’ai projeté sur le bardage, tout en l’étalant avec un large pinceau tenu de l’autre main. Méthode express dont je suis très content.

 

Les stations de peinture

Je dois l'avouer, il m'est arrivé de légumer devant la télévision le dimanche matin, et de tomber sur le téléachat qui propose régulièrement l'outil miracle: la station de peinture basse pression, qui permet de repeindre sa maison "avec un fini professionnel" "en un clin d'oeil" "sans masquage" "en réalisant des économies de peintures inouïes"...

Il s'agit d'un pistolet à peinture relié à une turbine. J'en ai utilisé un lors de la réalisation de ma baignoire-piscine (voir curiosités), ce qui me permet de faire les remarques suivantes:

- Il faut quand même masquer les alentours. Il y a toujours un effet de rebond des particules de peinture sur le support. Les industriels utilisent des générateurs d'électricité statique pour contrecarrer le phénomène. Si la solution miracle moins contraignante existait, ils l'utiliseraient...
La pollution des autres surfaces n'est pas visible sur une image de télévision, dont la résolution bien trop faible ne peut vous permet pas de distinguer une vulgaire maquette d'un véritable vaisseau intergalactique.

 - L'économie de peinture n'est réelle que si vous pouvez vous permettre un couche très fine. Mais cela nécessite un fond parfait. Une couche plus épaisse, et plus encore, granitée grâce à un rouleau à poils plus ou moins long, permet de masquer les légers défauts que vous aurez fatalement fait lors du jointoiement des plaques de plâtre.

- Les stations sont déconseillées pour les couches d'apprêt pour placo. Il semblerai que cela soit dû à ce que cela ne force pas la peinture à rentrer dans le support, d'où une mauvaise adhérence.

- Je pense donc que cet outil est à déconseiller dans le domaine du bâtiment. Il faut le réserver à la peinture de mobilier et radiateurs que vous pouvez disposer à l'extérieur un jour sans vent et sans insectes. Comme c'est difficile de faire la garde anti-moucherons en plein air, il vaut mieux avoir une pièce close qui ne craigne pas les projections... il vaut encore mieux squatter la cabine de peinture de votre carrossier préféré... ou bien enfin éviter le nuage de peinture en reprenant ses rouleaux et pinceaux... Finalement, le traditionnel à du bon.

- Bon, j'a pu donner une image de réac sur le coup, mais l'attitude à avoir systématiquement avant de succomber à une nouvelle solution miracle, est de se poser la question équivalente à: "si je demande à un professionnel de venir repeindre mon plafond, quel outillage va-t-il utiliser ?". Les artisans ont aussi le droit d'être réacs, mais on peut compter sur eux pour adopter rapido les solutions qui font gagner du temps et de l'argent... et je n'en connais pas qui utilise de pistolet...

 

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