Carrelage

La pose d'un carrelage n'a rien de sorcier. Je l'ai fait, sans aucune formation initiale. Néanmoins, j'ai perdu pas mal de temps à rattraper des erreurs, et donc je vais essayer d'être précis pour vous gagner du temps. Ne prenez pas peur de la longueur du texte qui suit, c'est pour votre bien...

Outillage:

- Colle en poudre (sacs de 10 ou 20 kg, pas chère),
- Batte (voir plus loin)
- Maillet de carreleur (qui possède un bout arrondi, ce qui permet de mieux doser son impact)
- Cordeau à tracer (avec réservoir de craie bleue)
- Croisillons d'écartement. Pour un carrelage de sol, le minimum est 2/100 du carreau (carreau de 20 cm - croisillon de 4 mm). On peut choisir plus grand, surtout si la dimension des carreaux n'est pas constante (dépend de la classe du carreau)
- Genouillères, pour ne pas se faire bobo. Mes premières genouillères, de basse qualité, sont presque inutilisables: soit elles glissent, soit les sangles coupent le sang. Si vous avez de grandes surfaces, prévoir un matériel de pro (mousse de caoutchouc mise en forme, avec des sangles très larges), ou même le pantalon avec genouillères intégrées (voir outillage)
- Ciment à joint, avec éventuellement de la poudre à teinter.
- Raclette de caoutchouc, modèle spécial carrelage,
- Règle de maçon (2m mini.)
- Carrelette (pour couper les carreaux en ligne droite)
- Meuleuse avec disque diamant (pour découpes tarabiscotées)
- Eponge de maçon (mousse fine, compacte et assez rigide, souvent de couleur grise). Ne pas prendre autre chose, sous peine de s'emmerder et/ou tout rater.
 

La pose:

- Tracer une ligne au centre de la pièce (avec un cordeau à craie).

- Préparer de la colle. Diluer avec de l'eau, afin d'obtenir une pâte bien souple, mais pas liquide, pour qu'elle puisse bien accrocher (elle doit bien mouiller le support, fluer, et ne pas sécher trop vite. Une consistance de bouse de vache est idéale...)

- Encoller une petite surface du sol (environ 6 carreaux), avec une spatule crantée (hauteur des crans : 5 mm) tenue perpendiculairement au sol, pour obtenir une épaisseur constante. Les rainures doivent être toutes dans un seul sens. Ne pas pleurer sur la colle, c'est elle qui permet de bien niveler les carreaux.

- Encoller les carreaux de même, et les disposer le long de la ligne, sans écraser la colle (juste posé). Le sens des rainures de l'encollage au sol et sur le carreau doit être perpendiculaire, de manière que le carreau dispose d'une grande marge d'enfoncement lors de la mise à plat.

- Poser ainsi trois rangées de carreaux tout le long de la pièce. Pour garder un espace fixe entre les carreaux, disposer des croisillons en plastique (achetable chez ton meilleur droguiste). Attention, il est souvent souhaitable de ne pas disposer des croisillons à chaque coin du carreau. Il est préférable d'en poser un sur deux, de manière que le carreau ne soit positionné que par deux coins opposés (en diagonale). Ceci permet d'obtenir une architecture pas trop rigide, absorbant les légères différences de taille entre les carreaux.

- Une fois ces trois rangées posées, utiliser une batte (latte de bois épaisse, par exemple une latte de plancher bien plate) qui doit avoir une dimension légèrement inférieure à la diagonale de deux carreaux. Disposer la batte sur une diagonale de deux carreaux, et tasser légèrement la colle en frappant la batte avec le maillet. On doit uniquement frapper au milieu de la batte, ce qui a pour effet d'enfoncer les deux carreaux à la fois, sans affaisser un des coins. Ne pas avoir peur de taper trop doucement lors de la première passe. Le but n'est pas de chasser toutes les bulles d'air, mais d'obtenir un collage sur une surface suffisante. Si l'on écrase trop, on ne peut plus rattraper les irrégularités du sol. Faire un quart de tour à la batte, et niveler les deux autres carreaux autour du même point central. Procéder ainsi en progressant de carreaux en carreaux, toujours en martelant avec délicatesse. Ne pas se soucier que les carreaux se déplacent lors de cette opération. Il s'agit juste de positionner les carreaux au même niveau, bien a plat. Une fois cette première passe effectuée, on peu effectuer une deuxième passe pour mieux écraser la colle. Mais attention, sans excès ! .

- Enfin, aligner les carreaux. Disposer la règle de maçon le long du tracé à la craie, et tapoter latéralement avec le maillet pour que les carreaux viennent se coller sur toute leur longueur le long de la règle. Faire de même à l'opposé, de manière à bien tasser les carreaux entre eux. Bien soigner l'alignement des carreaux, car plus qu'une épaisseur irrégulière des joints, ce qui se remarque le plus, c'est une ligne de joint pas droite. C'est là que l'alternance des croisillons est intéressante.
On notera qu'il est encore mieux de se passer entièrement des croisillons (et c'est d'ailleurs ce que font les pros). Il faut juste se fier à la règle pour l'alignement général, et à son oeil pour l'espacement entre les carreaux. Cela semble moins rassurant au début, mais finalement le résultat final est beaucoup mieux, puisque l'on peut tricher d'une manière harmonieuse. Si vous avez acheté du carrelage déclassé (il l'est souvent pour des problèmes de dimensions irrégulières, mais l'aspect reste tout a fait normal), cela sera même la seule solution de pose, puisque sinon les croisillons ne vous permettront pas l'alignement général.

- A partir de là, c'est facile : On dispose une nouvelle ligne de carreaux, on les amène au même niveau que les précédents, on aligne avec la règle, et on recommence.

- Attendre 24h avant de marcher (délicatement) sur les carreaux, et une semaine pour que l'humidité s'en aille avant d'attaquer les joints (c'est ce que disent les bouquins, mais est-ce utile ?).
 

Les joints

Je ne sais pas si je suis pas doué ou non, mais c'est une étape assez longue. Prévoir 1/2 heure par m² au moins.

- Préparer un ciment à joint, de la consistance de la pâte dentifrice, pour qu'il puisse s'étaler facilement et se glisser sous les carreaux. Attention, plus liquide, il serait plus facile à étaler, mais présentera un grand retrait. Il serait aussi plus difficile à lisser.

- On peut colorer le ciment avec une poudre pigmentée. Choisir une nuance claire de la couleur des carreaux. Cela rend des joints beaucoup moins salissants (en fait, ça masque la crasse), et cela atténue à l'oeil les différences d'épaisseur de joint. Il existe des mélanges déjà colorés mais chers et en petits conditionnements. Vu les problèmes pour colorer un ciment blanc, ce peut être quand même préférable.

- Si on choisit de colorer le ciment:

-Préparer assez de ciment pour toute la surface, et même trop, pour le pas avoir à retrouver la même couleur dans une seconde fournée.

-Attention,  la poudre est très concentrée et se dissout très mal. Pour éviter les grumeaux de couleur, on a donc largement intérêt de préparer dans un pot séparé un premier mélange:

- Mettre 200g de poudre de ciment dans le pot.
- Ajouter tout en mélangeant avec une fourchette 50g de pigment en le tamisant à travers une passoire.
- Ajouter juste assez d'eau pour obtenir une pâte très épaisse, et bien mélanger.
- Ajouter encore de l'eau pour une pâte bien liquide.

- Ajouter un peu de mélange coloré dans le ciment.
- Mélanger longuement avec une hélice (à brasser la peinture) au bout d'une perceuse.
- Disposer une fine couche du mélange sur un carreau, et faire sécher au sèche-cheveux : la couleur s'éclaircit énormément.
- Juger de l'effet, et rajouter éventuellement de la couleur.

- Les fabricants disent toujours que leur joint est hydrofuge, mais pourtant ils vendent des hydrofugeants à ajouter: c'est nécessaire pour tous les endroits qui sont souvent aspergés, sous peine de voir le joint prendre de drôles de couleurs suivant le champignon microscopique qui aura choisi de pousser...

 

- Verser le ciment sur le sol (assez pour jointer 1m²), et bien bourrer les joints en passant et repassant avec la raclette et caoutchouc.
- Si l'on possède de la poudre de ciment de la même couleur que le joint, saupoudrer les joints, puis repasser la raclette. Cela durcit les joints et rend le nettoyage plus facile.
- Les passages de la raclette doivent toujours s'effectuer à 45° de l'axe des joints pour éviter de les creuser.
- Jointer ainsi toute la pièce.
- Prendre un seau d'eau claire, et nettoyer les traces de ciment sur les carreaux. L'éponge de maçon, bien rigide, permet de passer sur les joints sans trop les creuser. Elle doit être bien essorée pour ne pas ajouter de l'eau sur les carreaux.
- à ce stade, il est très difficile de nettoyer toutes les traces: le ciment des joints bave toujours un peu. Il faut donc attendre 2-3 heures que le ciment durcisse, puis repasser l'éponge, qui peut être bien humide cette fois. On peut aussi essayer avec de la paille de fer, sans remouiller.
- Voilà, ouf, c'est tout beau !

Notes additives :

- au lieu d'utiliser une raclette à main, les pros utilisent une espèce de cireuse à parquet munie de raclettes : c'est rapide et ça tasse bien les joints; si vous pouvez en louer une...

- on peut choisir de creuser un peu les joints, surtout si les bords des carreaux sont arrondis. C'est beau, ça accumule bien la poussière, et pas forcement facile à faire de manière bien régulière... à vous de choisir. Attendre alors que le ciment soit un peu durci, et passer une éponge-gratounette ou de la paille de fer.

- pour ma cuisine, j'ai choisi un carreau au relief assez granité: ce n'est pas salissant comme un carreau brillant, et c'est bien antidérapant. Autre avantage (?) inattendu: Il se trouve que la couleur est plus jolie avec un voile de poussière dessus (il passe d'orange à une couleur brique). Il est donc mieux de passer le balai que la serpillière!
L'inconvénient avec ce type de carreaux, c'est que le ciment des joints veut absolument rester dans toutes les aspérités. Il faut donc passer la raclette sans se soucier de laisser le ciment sur les carreaux, puis attendre que celui sèche (je dis bien perdre son eau, et non pas durcir!). Un coup de paille de fer sur les carreaux, et le tour est joué! L'avantage de la paille de fer est que l'on peut travailler entièrement à sec, et il est essentiel de ne pas remouiller! Dégorger la paille en la faisant rouler entre les paumes. Cela fait de la poussière de ciment (de la bonne couleur) idéale pour lisser les joints.
Une fois, j'ai trop tardé pour effectuer mon dernier nettoyage des joints : il est resté des traces de ciment dans les creux. Un passage au Scotch-Brite avec de l'acide chlorhydrique dilué a permis de rattraper la faute.

-Pour les murs de la salle de bain, j'ai fait ce que vous voyez en fond d'écran : A partir d'un carrelage blanc des plus ordinaire (40F le m²), et de gouttes de verre qui servent à remplir des vases (20F les 100?), j'ai obtenu un (magnifique?) carrelage à cabochons. Seule difficulté : prendre chaque carreau, en couper deux coins opposés avec une bête tenaille à arracher les clous, puis arrondir les bords avec une meule (touret à meuler). Ca n'a l'air de rien, mais avec des carreaux de 15 cm de côté, 50 carreaux environ par m², le boulot devient un peu long... De plus, j'ai niqué ma pierre de meule, elle a gardé un creux en son centre pendant un bon bout de temps...

- Il peut être tentant de faire le joint entre le carrelage et le bac de douche avec le même ciment que l'on a dans son auge. Je n'ai pas résisté à la tentation (c'est tellement plus facile a lisser!) mais j'ai eu ensuite des micro-infiltrations: le ciment colle imparfaitement sur la surface vitrifiée de la faïence, et l'eau s'insinue dans la fente invisible à l'oeil nu. Il faut donc toujours utiliser un mastic silicone quand le ciment ne peut s'accrocher sur une surface non-émaillée (le cas peut aussi apparaître dans les coins de murs, où l'on jointe sur de dessus et non le coté d'un carrelage).
 

Le cauchemar des petits carreaux

Dans la seconde salle de bain, j'ai choisi de tout petits carreaux (2x2cm) en pâte de verre. C'est très joli une fois fini, mais cela représente 5 fois plus de boulot que des grands carreaux:

La préparation du mur doit être bien plus parfaite, puisque les défauts de planéité ne doivent pas dépasser 1/3 de la taille du carreau, sous peine d'avoir des carreaux qui s'enfonce en biais.

La pose: Attention de prendre une colle blanche, la pâte de verre étant légèrement transparente. J'avais commencé avec de la colle grise, et le résultat était affreux. Il faut étaler la colle avec une minutie toute particulière, puisque le moindre manque se traduit par un carreau qui se décolle. Il faut donc avoir la raclette crantée (dents triangulaires et non carrées) légèrement penchée en avant et non pas perpendiculaire au mur.
Le carrelage est livré en plaques de 15x15 carreaux, collés sur du papier kraft. Dans un sens c'est pratique puisque l'espacement est régulier, mais il y a aussi des inconvénients...
L'espacement entre les carreaux étant infime (1mm), il n'y a que très peu de moyens de tricher pour rattraper les alignements entre les plaques (attention en déplaçant une plaque de ne pas comprimer/froisser le papier).
Passer la batte pour bien appliquer chaque carreau. Le problème et qu'alors on ne voit pas la colle remonter entre les joints, d'où le problème de nettoyage exposé plus loin.

Attendre que la colle ait séché, puis mouiller à l'éponge le papier kraft sur toute sa surface. Attendre 1/4 d'heure, puis peler le papier kraft. Dès fois, c'est pas assez mouillé, alors on recommence...

Le joints : Attention, vous avez maintenant exactement 100 fois plus de longueur de joints à faire qu'avec des carreaux 20*20 ! Il faut d'abord nettoyer la colle qui est remontée dans le joint (j'ai rien trouvé de mieux qu'un petit ciseau a bois. C'est très long si l'on a pas bien calculé la dose de colle, c'est à dire que l'on a pris un peigne à colle trop généreux... donc faire un essai à blanc avant de couvrir plusieurs m²!).
Appliquer la pâte à joint avec une toute petite raclette en caoutchouc (style raclette de carrossier), sinon on ne bourre pas bien le joint et surtout on laisse des tonnes de ciment sur le carreau (parce qu'ils ne sont jamais parfaitement au même niveau). Attendre 1 heure, puis passer la paille de fer (grosseur 000). Puis lisser éventuellement avec une éponge a peine humide, en effleurant juste sans déformer l'éponge, et en la rinçant des que l'on sent qu'elle s'accroche au carreaux (on voit à peine qu'elle est sale).
Sur les instructions standard des fabricants, on ne mentionne pas la paille de fer, mais alors on doit creuser les joints à l'éponge. Vu le nombre colossal de rinçage de l'éponge que cela impose, on finit toujours par apporter de l'eau et liquéfier le joint.
 

 

 

 

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