Bibliothèque

Peut-être la réalisation la plus simple: Juste des planches verticales et horizontales, pour y ranger la chaîne hi-fi, les disques et les bouquins.

Normalement, avant de vous lancer dans du boulot de menuiserie, je vous conseillerai la lecture d'un livre, puisqu'il y a de nombreuses techniques à connaître. Mais le but de ce site est de vous faire prendre conscience que l'on peut bricoler sans grande pratique préalable. Après, vous lirez un bouquin et ferez mieux..

Attention, ce qui suit est une description d'un travail d'hérétique. Depuis la réalisation de ce meuble, on m'a enlevé ma médaille d'or de menuisier, et plus aucun ébéniste ne peut rentrer dans mon salon sans avoir de dangereux haut-le-cœur.
En principe, on travaille toujours avec du bois dégauchi (les faces sont parfaitement planes, sans courbure ni vrillage), et équarri  (les différentes faces sont à angle droit les unes par rapport au autre). On a donc de vrai parallélépipède rectangle, sur lequel on peut faire des mesures exactes, et obtenir un résultat parfait.
Lorsqu'il est scié, le bois n'a pas de gros défauts géométriques (seulement une surface non lisse à cause des marques de scie). Mais les déformations apparaissent lors de la phase de séchage. Il faut donc apprêter les planches avant les découpes finales. Je déconseille de faire cela manuellement (au rabot ou à la varlope), cela demande apprentissage et patience. Le marchand de bois peut vous le faire sur de grosses machines en 2 coups de cuillère à pot. Normalement, une pièce de bois à une face de référence (le parement) et une arête de référence, entre le parement et le chant, (les faces opposées s'appellent le contre-parement et le contre-chant). Toutes les dimensions et angles doivent être pris à partir de ces références, sinon on accumule les erreurs de mesure.

Ici, les planches brutes sont directement poncée à la ponceuse à disque gros grain, sans aucun rabotage préalable. Cela peut paraître du boulot de sagouin pour un puriste (et c'en est!), mais grâce à cela, j'obtiens une surface pas du tout plane, et mon étagère n'a pas l'air de sortir de chez Lévitan (ou Ikéa, ou But, ou Conforama ou...). Je fais quand même une deuxième passe avec un grain plus fin pour enlever les marques de ponceuse...

Quelque soit la réalisation en bois naturel (à l'inverse du contreplaqués et autres agglomérés), il faut connaître une limite quasi-infranchissable: il est impossible d'acheter un planche de plus de 20 cm de large. C'est dû au fait que les bois blancs se déforment trop ou se fendent pour des largeurs supérieures, et que l'on  trouve du bois débité dans d'autres essences que pour quelques sections standard (du moins, là ou j'ai cherché). Donc quand vous voyez des meubles avec de larges panneaux, le menuisier a acheté le tronc entier, et l'a débité lui-même aux cotes requises, ce qui est bien sur hors de portée de notre production à l'unité.

Ici, la bibliothèque devant faire 30 cm de profondeur (pour la chaîne), il faut donc assembler une planche et une demi planche sur le chant (mais pas sur le champ, attendez la fin des explications).

 Normalement, l'assemblage sur chant s'effectue par rainure et languette (principe du parquet). J'ai choisi un assemblage par fausse languette, plus simple a réaliser.

Donc j'ai d'abord pris des planches brutes de section 200x40mm d'épaisseur. J'ai demandé a mon marchand de me refendre 1/4 des planches pour obtenir au bout du compte la même longueur de planches de section 100x20 que de 100x40. Cela me permet de taper dans le même lot de bois, et de ne pas avoir de différences de teinte.

Avec la fraiseuse, je fais une rainure d'environ 1 cm de profondeur sur toute la longueur d'un chant de chaque planche (voir au chapitre outillage comment utiliser la fraiseuse).
La rainure n'est pas centrée pour éviter de confondre la face de référence (celle laquelle a pris appui le guide de la fraiseuse) de l'autre face. Ainsi, lorsque j'assemble deux planches avec les faces de référence d'un même coté, les faces sont au même niveau, ce qui n'est pas le cas de l'autre coté, puisque l'épaisseur de la planche est irrégulière. J'ai donc au moins le dessus des étagères bien plan.
Le diamètre de la fraise est 6mm, puisque la fausse languette et faite avec du contreplaqué de 5mm. J'ai d'abord essayé avec une fraise de 5mm, mais c'est la galère, il faut forcer pour emboîter, et avec les nombreux montages à blanc (sans colle), cela devient vraiment pénible. Un léger jeu n'est pas plus mal (d'autant que la planche n'étant pas rectiligne, la rainure ne l'est pas plus, donc la languette tient quand même toute seule...).

Les deux montants verticaux sont fait d'une planche 100x40 sur l'arrière, et des bouts de planche 200x40 sur l'avant. Pour les étagère horizontales, c'est l'inverse: ce sont les planches 100X40 de l'arrière qui sont fractionnées, la planche de devant restant entière. Le fait de mettre les petites largeurs sur l'arrière rendent moins visible les assemblages sur champ. Le fait de mettre la large planche continue en horizontal évite le fléchissement sous le poids, et donc les désalignements des tronçons (les montants travaillant en compression, il n'y a pas ce problème).

On commence par assembler les montants frontaux du bas (ceux qui vont déterminer la hauteur de la première étagère) aux montants arrières.
Découper l'étagère avant, en respectant un jeu de dilatation d'un centimètre avec les murs (attention, les coupes en bout ne sont pas forcément d'équerre).
On y aboute la partie arrière centrale, celle qui va déterminer le positionnement des montants, puis les latéraux arrières.
On positionne le tout en place, et on cale latéralement avec des coins.
Puis on continue comme cela pour les autres étagères: montants avants, étagère avant, étagère centrale arrière, latéraux arrières.
Attention pour les arrières d'étagères, surtout celles du haut. J'ai dû couper en biais les bouts en contact avec les montants, puisque ces dernier étaient vrillés: On prend l'angle avec une fausse équerre. 

Une fois tout monté ainsi à blanc, on s'aperçoit qu'il est difficile de serrer les montants avants sur les montants arrières sans qu'il y ait un désalignement (je sais, j'ai dit le contraire deux paragraphes avant, mais entre la théorie et la pratique, il y a tous les défauts géométriques). Il faut mettre des tourillons (chevilles de bois).
On démonte tout, et l'on perce des trous (normalement c'est du 8mm) dans les étagères, dans l'axe des encoches pour les montants, dans le premier tiers avant. On place dans ce trou un marqueur (c'est une petite pièce métallique qui rentre dans le trou, et présente alors une petite pointe à fleur de bois au centre du trou).
 

On remet l'étagère ainsi en place, et l'on marque par une simple pression la pièce mise en correspondance (les faces avant du montant et de l'étagère doivent être dans le même plan, et on fait jouer latéralement pour voir un arc de cercle sur la pièce). On perce le montant là ou est la marque, dans l'axe central de la pièce. La profondeur du trou doit être inférieure à la longueur du tourillon  Essayez de percer bien vertical en posant une équerre à coté du trou, et en regardant si la mèche est bien parallèle à l'équerre. C'est rudimentaire, normalement on devrait faire cela avec une perceuse à colonne, bien trop encombrante à mon goût...

Voilà, on peut maintenant assembler définitivement, avec de la colle. Maintenir serré l'avant et l'arrière de chaque pièce pendant le séchage. J'utilise pour cela des serre-joints que je couche sur la planche, ainsi la tige sur laquelle coulisse la mâchoire mobile du serre-joint me sert de guide pour vérifier qu'il ne se forme pas un angle entre les deux pièces.

Puis on fixe l'étagère au mur à l'aide d'équerres métalliques fixées d'un coté sur le dessus d'une étagère plus haut que les yeux, de l'autre coté dans le mur avec vis et cheville.

Reste plus que la finition. J'ai choisi une finition cirée. Plutôt que de m'emmerder a passer de multiples couches pour saturer le bois (les règles de l'art disent: 1 passage par jour pendant une semaine, puis un passage par semaine pendant un mois, puis un passage par mois pendant un an), je pose le pot de cire sur un chauffe-plat, laisse fondre, et j'applique au pinceau. Une autre couche une semaine plus tard (passage standard au chiffon cette fois, pour lustrer), et c'est satisfaisant.

 

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