Etablir les plans

Avant de se lancer dans n'importe quelle réalisation, il faut établir des plans, c'est indispensable.

Etant informaticien, je pensais que le mieux était de faire de magnifiques plans en 3D sur l'ordinateur. Alors j'ai fait pas mal joujou avec différents logiciels, dont des logiciels pro qui peuvent arriver à un très haut niveau de réalisme, mais je suis toujours arrivé à la conclusion suivante: Cela ne m'a pas servi à grand-chose, à part peut-être de matérialiser certaines idées de détail et convaincre ma femme que cela ne sera pas forcement horrible.

Faire ses plans sur ordinateur prend énormément de temps (plusieurs semaines, rien que pour apprendre à se servir des logiciels les plus compliqués), pour un résultat finalement décevant. Une image imparfaite est pour moi plus trompeuse, plus fausse d'un simple plan au trait, où l'imagination travaille: le ressenti est pour moi bridé. C'est comme lire un livre ou voir son adaptation au cinéma: l'imagination travaille mieux avec le suggéré qu'avec le visualisé.
 

La première difficulté devant n'importe quel plan (2D ou 3D, et quelque soit le niveau de réalisme), est de ressentir la notion d'espace, de volume disponible.
Un ordinateur calcule un dessin en 3D en simulant un appareil photo ou une caméra devant la scène. Il faut donc choisir la focale de l'objectif de la caméra virtuelle. Celui qui correspond à la vue normale est un 50mm (équivalent 24x36, les photographes me comprendront). Mais alors, un tel objectif dans une pièce normale ne révèle qu'un bout de mur. On prend alors un plus grand angle, mais alors les perspectives sont faussées, et l'on peut donner l'impression d'un hangar en montrant le placard à balai. 
Bien sûr, on peut (avec du temps) animer l'image pour promener son objectif 50mm sur toute la pièce, mais cela ne donne pas grand-chose, à part le mal de mer.
Le mieux est de mettre des références de taille, par exemple un homme, dans l'image. Le problème est de déplacer ce bonhomme si l'on veut bouger la caméra pendant la simulation. On en revient donc à une successions de clichés.

Tout cela pour dire: faites mumuse avec votre ordinateur si vous voulez, mais rien ne remplace le bête plan vu de dessus, fait sur du véritable papier avec un crayon. Ce n'est que comme cela que l'on explore les différentes solutions, et que l'on éduque son cerveau (enfin, celui de votre femme partenaire (il faut que j'arrête d'être sexiste, mais c'est prouvé que les femmes savent moins bien matérialiser mentalement un plan)) à visualiser la scène (dites moi si la structure de cette phrase vous gêne (j'ai tendance (des fois seulement) à abuser les parenthèses imbriquées (sûrement mon éducation d'informaticien)...)).
On peut placer sur ce plan de petits bouts de papier simulant tables, chaises, lits... On arrive là au summum de la technologie, celle qui est pratique.

Après on prend des mesures chez des copains, du genre: 50 cm entre le lit et le mur, c'est assez pour passer? Ce n'est qu'en comparant avec de l'existant que l'on peut ressentir les dimensions: largeur d'un couloir, hauteur d'un plan de travail, dimensions de la trémie d'escalier (ouverture à l'étage)...
En fait, ce sont les espaces vides qu'il est le plus difficile à définir, puisque l'on peut simplement mesurer si un meuble va à un endroit, mais difficilement juger du confort pour évoluer dans la pièce. Par exemple, une question qui demeurera toujours sans réponse est: quelle distance minimum avoir entre une table et un mur pour pouvoir y mettre une chaise ?

Une fois le plan établi, on passe à la réalisation matérielle. Dans mon cas, je m'aperçois qu'il y a toujours des modifications de dernière minute, ce qui fait que je regrette tout le temps passé pour faire le plan. Ce n'est que sur place, en posant les premiers éléments de cloisons que l'on se dit: non, un peu plus à droite serait mieux. C'est normal, pendant tout le temps de la réalisation, on ne fait que penser au problème, donc il y a forcement de nouvelles idées.


Donc en fait, faire des plans ne sert à rien. Si : à forcer votre esprit à penser au problème pour que, au moment de la réalisation, vous n'hésitiez plus: toutes les solutions envisageables ne sont pas entièrement satisfaisantes, donc autant se fier à l'inspiration du dernier moment...

 

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